Dérivation Uhabia Article du JPB

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Uhabia : priorité à l’attractivité touristique

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07/02/2012
Carole SUHAS
Qualité des eaux de baignade, attractivité touristique, essor
économique. Voilà les trois leitmotive apparents de la gestion des eaux
sur le littoral basque. A Bidart peut-être plus qu’ailleurs, car parmi
les plages qui y sont recensées, celle de l’Uhabia est très directement
menacée de fermeture pour mauvaise qualité des eaux de baignade. Du
moins l’était. Depuis, un projet qui a fait couler beaucoup d’encre a
vu le jour, celui d’une porte à clapets retenant les eaux polluées à
l’embouchure de l’Uhabia en cas de pluie. Livrée d’ici le mois de juin
prochain, la porte à clapets répond aux impératifs de la saison
touristique, à savoir permettre à la plus grande plage de Bidart,
menacée par les directives européennes, de rester terre d’accueil des
vacanciers, en interrompant partiellement l’écoulement de la rivière
Uhabia et en redirigeant ses eaux chargées en pollution vers des
bassins de rétention. Une gestion de la pollution des eaux centrée sur
les eaux de baignade.
Porte provisoire et limitée
Premier point important de cette nouvelle installation, elle sera
provisoire et ne pourra pallier les fortes pluies comme on l’a vu l’été
passé. “La porte n’est faite que pour des pluies que l’on appelle
décennales, c’est-à-dire de la petite pluie d’orage. Si les volumes
d’eau sont trop importants, la porte sera incapable de tout retenir”,
précise Carine Lebougre, animatrice du contrat de bassin de l’Uhabia.
Elle ajoute que l’ensemble des aménagements en assainissement ne sont
pas non plus en capacité d’absorber de grosses quantités d’eau et la
pollution qui en découle. “Dans ce cas-là, la plage est fermée”.
Avec un investissement de À d’euros, le projet de porte à clapets
est qualifié d’“onéreux et inutile” par le Cade, d’autant plus que sa
présence devrait être provisoire et répond à la demande immédiate de
résultat, à savoir, pouvoir ouvrir la plage de l’Uhabia cet été. Un
investissement qualifié d’autant plus coûteux que la porte ne pourra
être utilisée que 28 fois dans l’année. Ce qui a évidemment pour
conséquence de faire bondir les associations de protection de
l’environnement. “Le reste du temps, les pollutions pourront continuer
à s’épandre sur la plage et dans l’océan” dénoncent-elles.
Aujourd’hui, les travaux d’installation de la porte ont commencé
afin de répondre aux nouvelles exigences européennes aux seuils de
tolérance quatre fois plus bas que ceux pratiqués actuellement. Sont
également engagés les travaux d’un émissaire au large. Deux projets à
l’origine indépendants mais dont les travaux simultanés apportent de
l’eau au moulin des associations protectrices de l’environnement.
L’émissaire, réclamé par l’Etat français depuis 2005 et enfin à l’ordre
du jour, est une obligation pour toute commune côtière équipée d’une
station d’épuration. “Ainsi, les eaux traitées par la station
d’épuration qui sont actuellement déversées dans l’Uhabia, sont
reportées à 500 mètres au large comme cela se fait dans toutes les
autres communes voisines ayant le même système”, explique Carine
Lebougre.
Deux projets originellement indépendants mais qui finissent par se
compléter puisqu’une partie des eaux de l’Uhabia devrait également être
redirigée vers cet émissaire, “pour éviter de relarguer une trop grosse
quantité d’eau” dans l’océan.
Travail en amont
Au total, ce sont 22 millions d’euros qui sont consacrés à ce qu’on
appelle le “contrat de bassin de l’Uhabia”, qui ne se limite pas
seulement à l’embouchure de l’Uhabia. La majeure partie des
financements concerne le “travail de fourmi” effectué en amont pour
dépolluer les cours d’eau. “Ça veut dire vérifier dans chaque maison le
système d’assainissement, faire un suivi beaucoup plus poussé des
sorties d’eau des habitats, renouveler les installations qui ne sont
plus aux normes”, explique Carine Lebougre. L’Association santé
environnement soutient elle aussi cette démarche en amont et ne
comprend pas que l’on consacre 15 millions à la zone très limitée de
l’embouchure de l’Uhabia, alors qu’ils “pourraient être redistribués
dans les projets de dépollution”, insiste Sylvie Peres.
Comme exemple de ces pollutions, “l’existence de l’ancienne décharge
de Bassilour, actuellement enfouie sous la zone d’activités éponyme” et
qui constituerait “l’une des sources majeures et chroniques de
pollution de l’Uhabia”, selon le Cade. “De même, en période
d’abondantes précipitations, les effluents (lixiviats) de la décharge
Zaluaga de Saint-Pée arrivent jusqu’à l’Uhabia : insuffisamment
traités, ils aggravent la pollution de cette rivière. Pour la décharge
de Bachefores, à Bayonne, un programme de traitement de ces lixiviats
est enfin mis en place avec lagunage et phytodépollution. Cela doit
aussi être appliqué ici”. D’où un plébiscite des nouveaux systèmes de
dépollution à base de plantes qui serait “une opportunité pour la mise
en place d’une expérience pilote de dépollution d’un fleuve. Si ce pari
réussit, les retombées économiques seront là (car l’image de la commune
et de la côte sera porteuse). L’expérience pourrait permettre
d’impulser un mouvement plus global pour traiter les autres effluents”,
estiment les associations.
Et après ?
Alors, une bonne qualité des eaux de baignade comme cache-misère ?
Un problème pris à contresens ? Une vision qui ne dépasse pas l’intérêt
touristique ? Et donc économique ? La seule réponse immédiate ? Autant
de questions que soulève cette porte ô combien controversée, qui a
cependant pour ambition de répondre aux normes environnementales d’ici
à 2015. Une réponse qui semble pour l’instant momentanée, ce que
regrettent les protecteurs de l’environnement qui préconisent, eux, “de
ne pas se précipiter” afin de répondre de façon durable à une
problématique qui n’a pas surgi du jour au lendemain
Bidart : une association s’indigne sur les méthodes de dépollution du site de l’Uhabia
21/09/2011
Sébastien SOUMAGNAS du journal du Pays basque:
Alors que le 7 juillet dernier était signé par dix partenaires institutionnels, dont le Sivom de l’Uhabia, un contrat de bassin destiné à obtenir une gestion optimale des flux à l’Uhabia, voilà que l’exécution de l’enquête publique provoque l’ire de l’association Vague toxique, la coordination santé et environnement du Pays Basque, dirigée par Sylvie Peres-Pierron.
Ayant demandé à plusieurs reprises d’être informée du déroulement des actions menées concernant l’Uhabia, la Dr Sylvie Peres-Pierron a été très étonnée d’apprendre que l’enquête d’utilité publique avait eu lieu durant la saison estivale. Selon elle, “les Bidartar sont tombés des nues en apprenant la nouvelle”.
Mais en quoi consistent donc ces travaux destinés à juguler le problème de pollution auquel la plage de l’Uhabia doit faire face lors de crues, inondations ou encore fortes précipitations ? Afin de préserver la qualité des eaux de baignade du site de l’Uhabia, la mairie de Bidart a lancé des travaux d’assainissement, à hauteur de 20 millions d’euros, qui sont censés couvrir les travaux du réseau d’assainissement de Bidart et la qualité des eaux de baignade de l’Uhabia. Christian Barragué, adjoint au maire en charge des travaux, nous explique le fonctionnement de la porte à clapet qui crée la polémique : “L’Uhabia, par temps sec, ne présente aucun danger de pollution sur les plages. Le souci existe en cas de fortes averses car elle reçoit toutes les eaux de pluie du bassin-versant, qui sont polluées (agriculture, assainissement non collectif (fosse sceptique) et pollution des eaux de ruissellement). Pour que nos analyses soient satisfaisantes, il faut en outre installer une porte sur l’embouchure de l’Uhabia et un émissaire en mer de 700 m (350 m en terre, 350 m en mer). Cette porte fermée par mauvais temps permettra de recréer un immense bassin naturel de rétention : le lit de la rivière, dont les effluents seront évacués de nuit par l’émissaire en mer”.
Et c’est cette évacuation qui, selon Sylvie Peres-Pierron, est “un déni écologique”, car consistant à “envoyer la pollution au large pour nettoyer la bande côtière”. D’autant que cette “technique”, selon elle, relève de “l’expérimental”. Il s’agirait de “barrer une rivière en crue et envoyer de l’eau non traitée au large”. De son côté, M. Barragué semble avoir des réponses quant aux inquiétudes de Mme Peres-Pierron : “Les eaux chargées rejetées au large bénéficieront de deux facteurs naturels pour l’élimination de la pollution bactérienne : l’effet de dilution dans la masse océanique et la salinité de la mer, néfaste pour la vie des bactéries. Le transit de nuit de ces effluents vers la haute mer, compte tenu de leur faible durée de vie dans ce milieu hostile, nous permettra à l’heure de l’ouverture des bains le lendemain matin d’avoir une qualité des eaux tout à fait acceptable”.
Alors que l’association de Mme Peres-Pierron met en garde sur les problèmes environnementaux que ces travaux risquent de générer, elle met aussi le doigt sur ce qui est en jeu : “Pour des raisons économiques, on effectue des travaux qui envoient la pollution au large laissant aux générations futures le soin de régler le problème. Alors qu’il existe plein de solutions durables. Mais une plage fermée, c’est 15 % de perte économique…”
Du côté de la ville de Bidart, Christian Barragué justifie ces travaux d’une tout autre manière, arguant qu’il “ne s’agit pas d’éviter un risque de fermeture ponctuelle [de la plage, ndlr], mais bien celui de fermeture définitive”. Quoi qu’il en soit, l’utilité de cette enquête n’est toutefois pas encore confirmée puisque ni le dossier, ni l’autorisation de commencer les travaux de ce fameux clapet n’ont été rendus. Et normalement, rien ne devrait être commencé d’ici à la fin de l’année. C’est donc à la commission d’enquête de juger si l’utilité de ce clapet est justifiée. A l’heure actuelle, les travaux concernent les recherches archéologiques menées par l’INRAP.

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