Trancher dans le jambon

Une fois de plus, les associations lancent l’alerte ( Foodwatch, Ligue contre le Cancer et Yuka) en s’appuyant sur une pétition récoltant plus de 300 000 signatures : la procédure a été lancée pour interdire ces nitrites.

 Mais cette cancérogénicité a commencé à être comprise il y a plus de quarante ans : un éditorial publié dans la revue ‘The Lancet’ en 1968, allait dans ce sens. De nombreuses études n’ont cessé de souligner depuis les années 70 le rôle de ces additifs dans la survenue des cancers.

En 2015, l’IARC (International Agency for Research on Cancer ou CIRC : Centre International de recherche sur le cancer – l’une des agences de l’OMS) a rendu publique  une synthèse de la monographie sur l’évaluation du potentiel cancérogène de la consommation de viande rouge et de produits carnés transformés.

 Toutefois, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), censée protéger notre santé ,rejette la proposition au motif  que le cancer est une « maladie multifactorielle : hérédité, mode de vie sédentaire, environnement, tabac, alcool, alimentation,… ».

Cependant, L’IARC a inscrit la charcuterie au rang des produits certainement cancérogènes (catégorie 1= avéré.)

De nouveau, le 13 janvier 2021, un  rapport parlementaire  recommande de bannir le nitrite contenu dans les jambons et autres charcuteries d’ici 2025 ; en effet  cet additif est soupçonné de favoriser l’apparition de certains cancers, notamment le cancer colorectal.
 De leur côté, les professionnels de la charcuterie plaident pour que les parlementaires attendent la parution d’un avis de l’Anses (Agence de Sécurité Sanitaire)  mandatée par le gouvernement.

Connus sur les emballages sous les codes  E249,  E250, E251, E252, ces additifs ont un rôle important pour les industriels : celui de prolonger la date limite de consommation tout en donnant une couleur appétissante rose au jambon (censé être gris !). Malheureusement, d’un point de vue sanitaire, comme le souligne Axel Kahn Professeur et  Président de la Ligue contre le Cancer, en s’appuyant sur des expertises scientifiques de l’OMS, ces nitrites augmentent le nombre de cancers.

L’industrie charcutière a construit tous ses processus de fabrication autour des nitrites, ainsi, pour se défendre de leur utilisation, ils argumentent que ces additifs auraient un rôle essentiel et  sanitaire en empêchant le développement de bactéries très dangereuses pour l’homme comme le botulisme et la salmonellose.
Emmanuel Ricard, délégué à la prévention des cancers à la Ligue contre le cancer affirme «  qu’aujourd’hui, avec les frigos et la chaîne du froid, ce sont des choses dont nous n’avons plus besoin. On peut s’en passer  et il faut l’interdire, cela a des conséquences sur la santé ».(interview France Info du 20/11/2019 )
L’industrie agroalimentaire sait s’en passer puisqu’on trouve de plus en plus de produits sans nitrite dans nos rayons. 

Une fois de plus, du côté des politiques, le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, a clairement formulé le souhait d’attendre le verdict de l’ANSES pour trancher la décision face  à la Fédération des Industriel et Charcutiers Traiteurs ( la FICT) qui n’a pas digéré ce rapport parlementaire.

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