Communiqué de presse de la commission eau du CADE
Comme chaque été, avec le retour de la pluie, nous assistons à la valse des fermetures préventives des plages, ce qui irrite, A JUSTE TITRE les vacanciers.
Ces fermetures prouvent par-dessus tout, les insuffisances de la politique locale dans la gestion des eaux de baignade consistant à accueillir toujours plus de population sans investir dans les infrastructures nécessaires.
Pourquoi les plages sont elles fermées par temps de pluie ?
Cette eau, normalement propre, arrive dans les stations d’épuration (STEP), celles-ci saturent et renvoient dans le milieu naturel (souvent grâce à des émissaires en mer) des eaux usées non traitées.
Notre dernière étude réalisée auprès de 44 médecins révèle pour la première fois l’impact de cette pollution bactérienne sur la santé des pratiquants d’activités nautiques sur la côte basque. Les pathologies infectieuses après activités nautiques les plus récurrentes sont l’otite externe ou moyenne aigüe, la gastro-entérite et les infections urinaires (cf Sud Ouest du 29 juin 2015 ). Ces données rejoignent celles de la presse scientifique venant d’autres régions. Les germes identifiés sont majoritairement d’origine fécale humaine ou animale.
Nous sommes conscients des limites de notre enquête (seulement 44 médecins) mais elle montre clairement que les dispositifs mis en place pour réduire les pollutions bactériologiques et respecter les nouvelles normes européennes restent insuffisants.
Chaque année ces épisodes infectieux non négligeables ont un coût humain et économique justifiant la poursuite des investissements afin d’assurer une meilleure qualité des eaux de baignades et diminuer les risques pathologiques encourus.
Aussi rappelons-nous les mesures de prévention :
– Ne pas se baigner 48h après une forte pluie, en particulier à l’embouchure des rivières et à proximité des émissaires ;
– Bien se nettoyer après la baignade avec un savon naturel si possible BIO (pas de désinfectant qui fragilisent notre flore protectrice) nettoyer aussi nez gorge oreilles yeux avec du sérum physiologie ou une eau thermale ;
– Eviter de porter des lentilles de contact ;
– Ne pas se baigner si on est porteur de plaies même minimes ;
– Attention aux personnes dont l’immunité est diminuée et aux femmes enceintes, surtout pour les grossesses fragiles.
Le CADE le déplore mais beaucoup d’argent est dépensé pour faire des analyses, (40 personnes 4000 analyses), de la prospection de pollution (Rivages Pro Tech), ou pour déplacer les pollutions (portes à clapets, émissaires en mer) sans traiter le problème à sa source.
Ici, il est de reconnu dans le milieu scientifique, qu’au delà de 28mm de pluviométrie les systèmes d’épuration sont saturés. Ainsi pour éviter ces fermetures de plage deux pôles d’action doivent être pris en compte : une meilleure gestion des eaux de ruissellement pour éviter la saturation des STEP et l’amélioration des systèmes d’épuration.
Pour ce premier pôle, trois mesures :
– améliorer les tout-à-l’égoût et faire du séparatif chaque fois que cela est possible ;
– lutter contre l’imperméabilisation des sols (rappelons que les plantes dépolluent gratuitement 24 h/24) ;
– renvoyer directement dans le milieu naturel les eaux de pluies non polluées.
Il existe de plus un consensus sur les mesures à prendre dans le domaine des STEP :
– Renforcer les systèmes d’épurations (les STEP sont insuffisantes quantitativement et qualitativement) ;
– Adapter la capacité des STEP au nombre d’habitants (les Equivalents Habitants sont insuffisants en été) ;
– Mieux repartir les STEP sur les territoires pour éviter les points de relevage et les déversoirs d’orage, source de rejets sans traitement des eaux usées dans le milieu naturel.
Ces STEP comprennent actuellement un traitement primaire et secondaire, ajouter des traitements tertiaires permettraient d’atteindre un niveau de traitement de qualité supérieure en éliminant aussi la pollution chimique.
En effet, des solutions existent pour avoir des eaux de « qualité potable » en sortie de STEP : phyto dépollution, filtration par membrane ou osmose inverse…
Ainsi le problème ne vient pas d’une absence de solution mais d’une absence d’investissement de la part des milieux politiques qui s’efforcent de masquer le problème au lieu de s’ attaquer aux causes ce qui permettrait non seulement d’améliorer la qualité des eaux de baignade mais aussi de réaliser des économies sur le long terme.
Rappelons aussi l’absence de transparence puisque que Suez Environnement fait les analyses dont nous ne connaissons pas les résultats et gère les stations d’épuration.
En Angleterre, l’action que mène Surfers Against Sewage est de loin la plus économique et la plus transparente : en accord avec les sociétés de traitement des eaux usées, ils informent les usagers en temps réel lorsque le système d’épuration est saturé et qu’il y a des déversements d’eaux usées dans le milieu naturel.
Conclusion
Tant que ce travail en profondeur ne sera pas fait les plages continueront à être fermées après la pluie donnant une image négative de notre région. Ces fermetures restent une mesure extrême pour préserver la santé des vacanciers mais qui ne prend pas en compte une qualité qui restent médiocre le reste du temps.
A méditer, d’après l’OMS chaque euro investit dans l’eau en rapportera 8 fois plus
Commission eau du CADE : IDEAL, ACE, SEPANSO, Santé Environnement Pays Basque, ZIP Adour, Attac Pays Basque, Ortzadar, Mouguerre Cadre de Vie, Association Comité de soutien aux victimes de Fertiladour,Riverains du Seignanx.
CADE : Collectif d’associations de défense de l’environnement (cade environnement .org)